Le mythe de Prométhée / résumé

         Le mythe de Prométhée




 Le mythe de Prométhée : résumé et explications



Prométhée (Προμηθεύς) est un titan, race de divinités primitives qui régnaient sur le monde avant les dieux de l’Olympe. Les mythes qui lui sont attribués revêtent une importance particulière car ils fondent l’existence technicienne de l’humanité. 

Le nom et la famille de Prométhée

Hésiode, dans la Théogonie, fait de Prométhée, le fils du titan Japet et de l’océanide Clyménée. Il est « cousin » de Zeus, le roi des dieux, qui est lui-même le fils d’un titan, Cronos. Le dramaturge Eschyle (525 – 456 av. J.-C.) fait en revanche de Prométhée le fils de Thémis, déesse de la Justice, filiation qui revêt une dimension symbolique au regard de l’action du titan (Prométhée enchaîné).

Prométhée signifie « le prévoyant». Son nom s’oppose à celui d’un de ses frères, Épiméthée, « l’imprévoyant », surnommé aussi « le maladroit ». Prométhée est donc celui qui réfléchit avant tandis qu’Épiméthée est celui qui réfléchit trop tard. Il a comme autres frères Atlas et Ménoetios. Il est marié à Célaeno ou Clyménée. Il a pour enfants Deucalion, Lycos et Chimaerée, auxquels certaines traditions ajoutent Aetnaeos, Hellèn et Thébé.   Prométhée, le bienfaiteur de l’humanité Prométhée est le symbole de l’humanité en souffrance, à l’égard de qui il est bienveillant (Catherine Salles, La Mythologie grecque et romaine). Dans la Théogonie, le titan est le bienfaiteur de l’humanité, en opposition à Zeus. Ainsi, selon certaines légendes tardives, Prométhée aurait créé les hommes à partir de glaise et d’autres éléments. Il reste cependant plus célèbre pour avoir trompé Zeus a deux reprises au profit des hommes.


Prométhée, à l’origine du partage sacrificiel de la viande


Selon la tradition, Prométhée a été l’arbitre d’un conflit entre les dieux et les hommes lors d’un banquet à Mécônè sur le partage de la viande après le sacrifice d’un taureau. Une autre version dit qu’il aurait été convié à un repas entre dieux et hommes au cours duquel on a sacrifié un bœuf.  Prométhée cache sous la peau et les entrailles les chairs comestibles, et sous de la graisse blanche les os. Zeus, lorsqu’il choisit la part qu’il souhaite consommer, prend la seconde et, déçu, décide de punir les hommes : il les prive de feu.  Ce châtiment est terrible. En effet, en leur retirant le feu, il interdit aux hommes du pouvoir de faire cuire la viande et d’exercer leur artisanat, ce qui les renvoie à leur animalité. Surtout, ils ne peuvent plus faire cuire la viande pour les sacrifices, moyen essentiel de communication avec les dieux.  Ce récit symbolise la séparation entre dieux et hommes. Les premiers consomment des os, matière qui ne périme pas, témoignant de leur immortalité. Au cours des sacrifices, les os sont brûlés avec les graisses. Les seconds consomment de la chair, matière périssable, à l’image de leur condition de mortels.    Prométhée, le voleur du feu Les hommes privés de feu, leur bienfaiteur doit les aider. Prométhée part dérober du feu au char solaire puis l’apporte aux hommes après l’avoir caché dans la tige d’une férule. Selon une autre tradition, Prométhée aurait dérobé le feu dans la forge d’Héphaïstos, le dieu du feu et de la forge.   Les hommes retrouvent leur existence technicienne : ils peuvent se servir du feu pour leur sidérurgie, leur artisanat ou pour faire cuire les viandes. 


La vengeance de Zeus : le foie dévoré de Prométhée

Zeus se venge sur les hommes et sur Prométhée.  À une humanité jusque là masculine, ce qui la distinguait des dieux, Zeus envoie Pandore, la première femme, qu’il offre en mariage à Épiméthée, imprévoyant et nigaud, malgré les avertissements de son frère. Pandore ne résiste pas à ouvrir une jarre contenant la maladie, la mort et le travail, maux dont l’humanité avait été épargnée jusque là.  Le châtiment de Prométhée n’est pas moins terrible. Zeus le fait enchaîner au sommet de l’Elbrouz, dans le Caucase. Chaque jour, un aigle dévore son foie, qui se régénère le lendemain. Le foie est, en effet, le seul organe humain à repousser. Le mythe donne une explication à ce phénomène


Prométhée sauvé par Héraklès 

Héraklès passe par l’Arabie et remonte jusqu’au Caucase. Il y trouve Prométhée enchaîné à son rocher. Héraklès tue l’aigle qui lui dévore le foie et délivre le titan. En guise de remerciement, Prométhée conseille à Héraklès d’envoyer Atlas cueillir les pommes d’or du jardin des Hespérides. Prométhée a en effet des dons de visionnaires.  Zeus ne proteste pas contre cette libération car Héraklès est son fils. Cependant, le roi des dieux a juré sur le Styx que Prométhée serait puni. Pour ne pas manquer à cette promesse divine, il demande à Prométhée de porter une bague faite de l’acier de ses chaînes, ce qui le lie symboliquement à sa punition.  Enfin, Héraklès permet, malgré lui, à Prométhée de devenir immortel. En effet, le héros blesse le centaure Chiron d’une de ses flèches alors qu’il chassait le sanglier d’Érymanthe. Prométhée accepte l’immortalité de Chiron pour le laisser mourir.


   Prométhée dans le Protagoras de Platon


Dominique Lecourt, dans un article du magazine Sciences Humaines (Prométhée, désormais mal-aimé) revient sur le passage de Prométhée de héros à symbole des dangers de l’humanité moderne.  L’image de Prométhée disparaît peu à peu en Europe pour ne réapparaître dans la peinture qu’à partir de la Renaisse et dans la littérature qu’au siècle des Lumières (XVIIIe siècle). Fait homme, il est le symbole de la lutte de la raison contre l’autorité tyrannique de Zeus (prise pour l’autorité monarchique). Militant de la libre pensée et champion de l’athéisme chez Percy Shelley dans Prométhée déchaînée (1820, Prometheus Unbound), puis figure de l’impiété chez Goethe dans la bouche duquel il met des vers de défi à l’égard des figures divines (avant Faust, avatar moderne du mythe), figure symbolique de l’artiste qui souffre de la solitude née de ses capacités créatrices chez Nietzsche, son image se dégrade ensuite.  En effet, Mary Shelley, seconde femme de Percy Shelley, est l’auteur en 1818 du célèbre Frankenstein, ou le Prométhée moderne (Frankenstein; or, The Modern Prometheus). Dans ce roman, l’humanité, capable de s’engendrer elle-même, d’être sa propre genèse, viole les lois de la nature par soif de connaissances. L’œuvre de Shelley prélude l’apparition presque péjorative de l’adjectif prométhéen. On associe la figure de Prométhée à la démesure de notre modernité technicienne qui menace sa propre existence par la dégradation de son environnement et par les capacités techniques offertes par le numérique.   




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